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fortunez. Entreprise II.


Le Roy ni tous les Chaldeens qu’il auoit auec luy, ne ſ’en peurent auiſer, encor qu’ils fuſſent aſſez long temps à l’eſplucher, pource qu’ils al loyent le chercher és ſujets du tout reculez de ſon eſtre, & yfuſſent encor ſans qu’elle leur de clara. Il faut pardöner à l’Amour qui rauiſſoit& deſtournoit le iugement de ce Roy, & l’empor tant apres d’autres idées, ne luy permettoit pas d’entendre ceſte Enygme, qui cache ſous levoile de ſes paroles le zero ou nulle d’Arithmetique, lequel mis auec vn autre perpendiculairement, voire auec infinis, ne ſera ny augmenté ny dimi nué, & tous aſſemblez ne ſeront qu’vn, & en fin ne ſont rien en nombre. Voila comment ſou uent vn petit diſcours qui cache vn petit ſujet eſt eſtimé grand, & de faict auſſi les plus grands ſecrets ſont és moindres artifices, & plus pe tits ſujets en eſtime. Ce Roy fut arreſté par les graces & perfections de la Fée, laquelle toute fois ne ſ’en peuteſmouuoir, pource qu’elle auoit d’autres pretentions. Qu’eſt-ce que l’Amour, ne fait tenter aux ſiens pour obtenir ſelon les deſirs de leurs cœurs ? Ortis a mis en practique tout ce que les plus ingenieux amans ont excogité, practiqué & deliberé, il n’a rien oublié, mais nul artifice ou promeſſe, ou demonſtration vraye, n’ont peu amener le courage de la Fée à l’aimer, rien ne la peu flechir : Elle n’a pas voulu eſtre Royne de Euphrates, elle a dedaigné & meſpriſé vne ſi petite gloire, que d’eſtre l’ombre d’vn ſi petit gouuernement, ſçachant de uoir eſtre en chef Monarque de tous les


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