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Le uoyage des Princes


aux belles idées, tu ne trouueras rien en moy ſu iet à ton pouuoir. Ou bien tu deuois attendre plus tard, car tant que i’auray quelque vie pour autruy, & que mes yeux illumineront quel ques cœurs, tu n’auras aucune puiſſance ſur moy ; ſi tu l’exerces cy apres, & que tu le puiſſes, tu feras ſeulement ce que les deſtinees te per mettront, & rien dauantage. L’AN G E. I’au ray moyen de te ſurprendre, & t’enleuer cet ar rogant eſprit qui ſe penſe oppoſer à moy. LA FE E. Ie ne ſeray pas ſurpriſe, d’autant que i’ay les graces & les amours qui veillent pour moy, cependant que ie me delecte du repos. L’ANGE. Tu as beau faire de l’aſſeuree, ſi te l’oſteray-ie, & ce ſera par les aureilles. LA FE E. Tu ne ſau rois la faire eſcouler par cet endroit là, parce que ſ’il en prenoit le chemin il n’en pourroit bou ger, à cauſe que mes aureilles ont eſté emplies des accords de ce qu’il y a de plus doux en l’har monie, qui eſt le lien de l’ame. L’ANGE. Ie te fe ray couler l’ame par les yeux. LA FE E. l’Amour qui eſt plus puiſſant que toy, non ſujet à laMort, y a tant eſtably les puiſſances de ſa gloire, qu’il y a empreint le ſceau d’immortalité, lequel n’en peut eſtre oſté que par les Deſtinees vnies pour cet effect. L’A N G E. Ie te la rauiray par le nez. LA FE E. Les bonnes odeurs des Graces, y ont formé vn ſi fort rampart que tu n’oſerois entre prendre de t’y hazarder pour me nuire. L’ANGE. Ie l’empoigneray ſur les ieures pour l’auoir par ta bouche. LA FEE. La verité qui ſ’eſt touſiours eſbatuë en ſe dilatant ſur mes leures, quand il ha fallu que ſes myſteres ayent eſté prononcees, en