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fortunez. Entreprise II.


ſçaches à ta confufion, ie t’aduiſe que bien que contre mon gré, ſelon l’eſtat de nature, quand ie ſeray à mon extremité, & faudra que ma vie ſ’eſteinde, ce ſera quâd ſaoule du monde, ie tom beray volontairement au rang du roole que tu tiens : car adonc ie cognoiſtray les deffauts qui m’oppreſſerót, leſquels ores me ſent incognus, parce que la vigueur de ma belle ieuneſſe m’em peſche de les apprehender. Va triſte meſſager ^ d’infortune, va au roüet des Cieux apprendre ton office : que ſi plus longuement tu t’arreſtes il te ſuruiendra vn ſouci nouueau, qui deſtour nera toutes tes practiques. Cependant ie ſçay que malgré toy ie conſerueray mavie, tant que le ciel ayant paracheué ce qu’il a determiné que i’accompliſſe, tu me ſeras enuoyé pour me ſeruir & ſoulager mon ame qui fluera doucemêt de ce corps vlé, qui ne ſe delectera plus de la vie. L’Ange ſe retira confus, & la Fée ſuyuant les bons enſeignemens d’Axilee prit congé de ſa ſœur. Ie ne me mets point à deduire ce qui ſe paſſa en ceſte departie : car tout le diſcours en eſt recueilli és memoires de la conqueſte du grand bien. Cette Dame ſuyuant les erres de ſa fortune arriua au Royaume de Nabadonce, & vint en l’hermitage d’honneur vn peu apres le, depart des Princes. Or eſt-il qu’il y auoit iadis # vn grand Philoſophe demeurât au viel chaſteau ſitué ſur la coline à coſté dextre de l’antique donjon, qui auoit eſté demoli par Sarmedoxe : Ce Sage auoit laiſſé le ſecret du grand Bien en la montagne qui eſt au bout des iardins & duParc, ayaut donné par tradition que nul ne pourroit