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fortunez. Entreprise II.


imitefort ceſte faculté, pourueu qu’elle ſoit ſepa ree de tout flegme.LaFee qui pretendàl’accom pliſſement de toute l’auanture, paſſagayement, & ayant atteint le paſſage fatal : Voicy au deuant d’elle venir la Mantichore auecvn bruict lourd, accompagné de diuerſités eſtonnantes, & ef froyablement s’oppoſer à ſon chemin, luy di ſant comme d’vne voix de Tonnerre : Où veux tu aller La Fee n’oit point celà, elle s’aduance ſans reſpondre : Ce bruit luy eſt ne plus ne moins que le murmure du Torrent, ou d’vn venteſloi—. gné, ou d’vn fouldregrondant bien bas vers l’ho rizon : L’animal redouble eſpouuentablemët, Tu ne paſſeras pas : La Fee qui peinoit à monter, dé ·pite d’eſtreinquietee, luy dit en cholere : Siferay, malgré ton cœur, carie ſuis d’amour & de reſolu tion : Ce qu’ayant dit, comme deſdaigneuſe paſſà outre, ſuyuit ſa voye, & trauerſa iuſques ſur le plan de la montaigne : eſtant au hault, elle fitvne pauſe, puis ſe tourna pour voir la Mantichore, &elle lavid s’approcher, ayât changé ſon geſte de furieux en agreable, de tempeſtueux en pacifi que, de † en benin, & de farouche en priué : Mais ſans s’y amuſer, de peur d’eſtre abuſee, s’ap procha desſuiets deſirez, & prit la racine du grâd Bien, cueillit les brins ſouhaittez, & apporta de’laliqueur deſirable. Deſcenduë auec des ſignes ſi notables, le Conſeil aſſemblé en la preſence du Roy, & les ceremonies requiſes obſeruees : Elle fut recognue, declaree & eſtablie Souueraine de l’Hermitage.A ſon auenement elle a conſolé le Roy de l’abſence de ſes fils, a fait naiſtre infinies ſingularitez, & acheué de baſtir ce qu’autre n’euſt


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