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Le uoyage des Princes

Par mille doux efforts l’afflige douçement.
Ainſi que le Phœnix qui ſon corps renouuelle,
Sent de ſon dernier feu les poignantes ardeurs,
Mö cœur qui s’eſt bruſlé das les yeux de ma Belle
Sent par ce feu diuin trop de belles douleurs.
Ce bien-heureux oiſeau pour ſe reduire en cendre
Afin de viure encor plus celeſte & plus beau,
Deſſus l’autel ſacré au ſoleil, ſe vient rendre
Dans ſon buſcherformédu plus rare rameau.
Ainſi mon beau deſir heureuſement m’adreſſe
Au temple, ou de l’Amour lege la deité,
Là pres de ſon autel és yeux de ma Deeſſe,
Ie me viens conſumerpour viure enſa beauté.
Ceſte beauté d’honneur qui ſeule eſt tout merite,
Éſtant l’organe ſainct de mes intentions,
Fait que me conſumant heureux ie reſuſcite,
Pour eſtre tout d’amour bruſlé d’affections,
Voila mon beau deſir qui n’eſtpoint periſſable,
Auſſi ien’erre pas apres la vanité,
Le beau trait de beauté qui rend ma dame aimable,
N’eſt que l’vnique effort dont ie ſuis arreſté. |
Et bien que de beautez elle ait toute la grace,
Que tout l’effort d’amour ſe liſe dans ſes yeux,
Une belle grandeur qui toute autre ſurpaſſe,
Fait d’elle preſumer cela qu’elle a de mieux.
C’eſt ce parfait eſprit quiſes beautez anime,
Dont la perfection iamais ne changera,
C’eſt ce rare pouuoir qui mon ame domine,
La beauté qui touſiours mon cœur enflamera
Cet eſprit eſt du mien la parfaite harmonie,
Qui m’adreſſe aux beauteX recognues des yeux,
Et ſa perfection la beauté non finie
Qui pouſſe mes ſouhaits biºplus loin que les cieux