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Le uoyage des Princes

Seront pour vous ſeruir, croiſtront pour vous aimer.
Ie ne permettray plus que mon ame ſ’oblige
Aux faſcheuſes humeurs pour ſouffrir sãs propos,
Deſloyal à ſon cœur eſt celuy qui ſ’afflige
Et trouble impatient, ſans cauſe ſon repos.
Ma paſſion ſera mon amour vehemente,
De mes chaſtes deſirs mon cœur ie nourriray,
Ie me conſolerai ſi vous m’eſtes abſente,
Eſtant aupres de vous de vos yeux ie viuray.
Je ne troubleray plus de ſoin melancholique
Le cœur qui eſt empraint du trait de vos beautez,
Mais fidele & conſtant d’vn amour magnifique,
I’aimeray vos beautez pour mes fidelitez.
Vn cœur plein de ſouſpirs ne peut faire ſeruice,
Deſagreable eſt l’œil qui ne fait que pleurer,
La langue qui ſe plaint n’entend point l’artifice,
Comme il faut brauement les Dames attirer,
Or comme i’ay creance en vos belles paroles,
Qui furent le contract de noſtre affection,
Croyez que mes ſermēts ne ſont point airs friuoles,
Et receuez les vœux de ma deuotion.
C’eſt l’heur ou ie me fonde, auecques l’esperance
Du doux fruict des faueurs de voſtre volonté,
Et ma bonne fortune eſt ma perſeuerance,
Qui vous aſſeurera de ma fidelité.
Si vous en deſirez quelque autre teſmoignage,
I’ai le courage grand, commandez ſeulement,
Et ſi vous eſſaiez l’eſtat de mon courage,
Uous me recognoiſtrez braue & conſtant amant.

Vn des plus grands plaiſirs qui ſoit en l’amour chaſte, eſt quand on a vne perſonne fidele, à la-