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fortunez. Entreprise II.


quelle on peut communiquer de ſa paſſion : c’eſt ce qui ſoulage Lofnis ; car elle a Epinoyſe qui l’aime, à laquelle elle declare ce qu’elle a de plus delicat au cœur, & ayant leu ce diſcours en ra mas de chaſſes d’amour, dit à la Fée : I’ay eu du deſplaiſir en liſant cecy, & puis ie m’en ſuis reti rée. Ie voudrois qu’il n’entremeſlaſt point d’eſ pines parminos roſes : il ſemble qu’il ait quel—. que deffiance de moy, ou qu’il veuille que i’en aye de luy, il me deſcourage, & puis il me raſſeu re. La Fee. Ne vous imaginez rien d’eſtran ge ; mais retenez vne verité, & la remarquez comme regle infaillible de bon amour ; plus la force d’Amour agit en vn braue cœur, & plus il a de deffiance de ſon ſujet, pource que la plus part des Dames qui ont faute de iugement, ne conſiderent pas les valeurs des Cheualiers pour les cherir ſelon leurs merites ; partant ſe tranſ portent d’affection pour des moindres, ne fai ſans pas cas des accomplis, pource qu’elles ne ſ’y cognoiſſent point. Mais celles qui ont lavertu en vnique recommendation, & pour guide la ſageſſe qui eſt la lumiere de l’amour pudique, ne tomberont pas en ce hazard ; au contraire, fuyuäs le beau ſentier d’affection, ne feronteſtat · que des capables. Dames, acheuez vos diſcours, & vous Fée qui allez ſuyuant à pas contez les ſuccez des af faires, conſolez & ſoulagez le cœur de cette Princeſſe qui volette en deſirs apres ſon ſerui teur, lequel n’a ſoin plus cher que de ſ’auancer en effects valeureux pour l’honneur de l’vnique lumiere de ſa vie, à la gloire de laquelle comme


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