Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/427

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
390
Le uoyage des Princes


qui auoit promis vne ieuneſſe accomplie en vertus, auoit produit ſes premieres fleurs que maintenant ſon adoleſcëce multiplioit, eſmou uant tant d’ames que les airs ne ſouſpiroient preſques autres merueilles, Caualiree voyant ſes freres en cours d’auoir fait fortune, ne veut pas demeurer court, il ſe propoſe de ne laiſſer eſchapper ce qui tombera en ſa bien-ſeance, parquoy ayant pris garde à ceſte beauté, dont le merite eſt deſirable, voulut tenter ſi la for tune auroit agreable qu’il la ſeruit, il n’auoit au commencement penſé qu’au ſeruice com mun que la bien-ſeance ordonne, mais Amour qui tend ſes toiles aux cœurs extrauagants, l’ar reſta par les yeux de la belle, ſi que voulant pren dre il fut pris, & bien qu’il penſaſt choiſir, ſi fut-ibreduit à deſirer ; car il ne peuſt euiter la violence qui vint à bon eſcient poinçonner ſa belle ieuneſſe, à ſ’accommoder pour la felicité d’vne autre, en cherchant ſon propre auance ment. La Princeſſe dont le cœur innocent n’a— uoit donné lieu aux eſmotions qui peuuent l’a— giter par l’affection, l’ayant encor vuide d’im preſſions, ſ’apperceut par les rencontres viues des yeux de Caualiree, qu’il y auoit en ſes re—. gards vn autre pouuoir que ce qui fait obſeruer les obiets, &prit plaiſir d é receuoir les atteintes, leſquelles furetoient parmi ſes yeux, leſquels n’auoientiamais donné telle licence aux autres, & ne les y auoit receus : Et comme mignarde-— ment elle ſ’eſbatoit de ce mignard entretien, elle : ºe t’auiſa pas que ce mignon eſclat qui la fiat "ºit, fuſt vne libre entree à l’amour, parquoy