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Le uoyage des Princes


raiſons pour l’arreſter à ce qu’il mettoit en auât : mais ores qu’il eſt conquis, qu’il eſt reduit en obeiſſance, qu’il eſt à elle, il eſt comme deſcheu, de courage, il n’a plus ccſte belle preſomption, qui le releuoit deuant les yeux aimez auec tant de bien-ſeance. Il ſ’en apperçoit, parquoy ſe remirant en ſesactions paſſees, il ſe trouue tout difforme & d’vne façon indecente à ſa grandeur, il ſe reprend, & ſe voyant troublé d’vne honte ruſtique, ſ’eſuertuë & en ſecouë viuement le ioug, il recueille la magnanimité de ſon ame, &. ſ’emplit de nouueauté de courage pour ceſte, nouuelle vie, ſi qu’aprochant de ſa belle auec commodité, luy dit : Madame, l’ordinaire entre les cheualiers, eſt de requerir les Dames de l’o-. ctroy d’vn don, pour apres paroiſtre en leur fa—. ueur és belles parties : Et moy au contraire, ; (bien quei’aye vn meſme deſir)ie vous ſupplie : d’accepter de moy vn don. Elle qui n’auoit pas eſté en moindre opinion, pour le changement. du Fortuné, le voyant reſtably en ſon humeur,. prit plaiſir à ce commencement pour en voir la ſuite. Et luy reſpondit : S’il eſt equitable ie le veux bien. Ce qu’elle fit de la ſorte afin que ſen diſcours ne luy peuſt nuire ; car il faut traicter : ſimplement les amans, de peur qu’ils ne ſe trou—. blent. CA v A L I R E E, Si vous le voulez il — le ſera. CL 1 AM B E. Il faut premierement que ie le ſçache, auant que le † CAVALIREE. ! Sivous le ſçauiez auant que l’accepter, vous ſau riez bien ce que ie pretens, & n’aurois que faire : de le vous declarer que par hazard ; parquoy ſ’il : vous plaiſt me tant honorer, il eſt conuenable