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fortunez. Entreprise II.


là, ne vaquoit qu’à donner du plaiſir à ſa maiſtreſſe, luy dèclarant en toutes ſortes ſon affection. Ie ne penſe pas qu’il y ait plaiſir egal (en manifeſtant ſes affections) à celuy qu’on reçoit de les repreſenter ſous l’air coulant en belles paroles aſſemblees des delicieuſes meſures de la poëſie, à quoy la belle Dame conuenant auec mon opinion, euſt agreable ce ſouſpir,

Les yeux n’allumét point dedans le cœur des flames
Qui bruſlent les amans en leurs affections,
C’eſt bien vn autre effect, qui ſurprenant les ames
Les oblige à l’amour Roy de nos paſſions.
Bien que de vos beaux yeux la douceur trop puiſſante,
Puiſſe aller furetant dans les ſecrets du cœur,
Encor ne ſont ils point ceſte force preſſante,
Qui iette les eſprits en l’amoureuſe erreur.
N’ay-ie point veu vos yeux tous parfaits, ſans puiſſance,
Aupris de ce pouuoir dont vous me retenez,
Leurs traicts bleſſoient mon cœur, mais de ſi peu d’offence
Que mes deſirs mouroient ſitoſt qu’ils eſtoiêt néz.
Je reſſentois aſſez que leur belle lumiere,
Adiouſtoit à ma vie vne belle clarté.
Mais ceſte emotion n’eſtoit point ſi entiere,
Que l’effort bien-heureux dont ie fus arresté.
Uos yeux guidoient mon cœur quand mon ame fut priſe,
Par l’accent que i’ouis de vos leures ſortir,
C’eſt ce diſcours heureux qui mes flames attiſe,
C’eſt l’effort qui m’a fait tout en feux conuertir.