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Fortunez. Entreprise III


eſcheu que Lofnis eſtoit nee le premier iour de May, de ſorte qu’y penſant durant ce petit repos Fonſteland prit ſujet de faire quelque partie pour ſa Maiſtreſſe. L’Empereur eſtoit occupé à ſon diuertiſſement, & les Princes Fortunez eſchapperent vn petit, & vindrent voir les Dames. La Belle Serafiſe compaigne de Lofnis, qui ne pretendoit rien moins en l’amour, que d’obliger vn iour quelque braue courage, leur dit, Et bien Princes, vous ſemblez eſtre oyſeux, que ne vous auancez vous chacun en l’honneur de ſa maiſtreſſe, pour donner du plaiſir aux Dames ? Cavaliree. Madame, commandez abſoluementà voſtre ſeruiteur, afin que nous ſachions ſi vous auez autant d’adreſſe de le bien traitter, que vous eſtes capable de le poſſeder. serafise. Ie n’ay encores rien acquis, & pourtant ie ne puis faire ce que vous dites, quād ie ſcauray d’auoir puiſsāce ſur vn bel eſprit, i’en vſeray ſelon le bon iugement qu’amour me laiſſera. cavalir. Seroit-il vray que vous, tant belle & accōplie fuſſiés parmy les beaux eſprits, & que rien ne fut à vöus ? serafise. M’eſtimez vous de tant de merite que ie peuſſe poſſeder quelque cœur, caval. Croyriés vous que i’euſſe ſi peu de iugement, que ie ne peuſſe eſtimer ce qui doit eſtre ? Comme ils eſtoyent ſur ces petits debats, il ſuruint vne maſcarade de ſept gentilſhōmes qui firent vne entree fort agreable & leur balet repeté par vne belle voix diſoit :

Triomfés iuſtement deſſus toute excellence,
Vous Belle qui auez toutes perfections,
Tant ce qui de parfait porte quelque apparēce,


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