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Le uoyage des Princes


n’eut pas péſé ſans ceſte pointille, &auquel auſſi s’il euſt failly durät ceſt accidët, Lofnis euſt creu qu’il euſt tenu ſon indignation contre elle. Il en parla à ſes freres, qui tous enſemble aduiſerent au ſuiet propoſé, & ſelô l’antique couſtume ayât ordonné tout ce qui faiſoit beſoin furët preſtsa uec leurs amis preſens à döner l’agreable reſueil aux dames, en plantât au matin vn May pres la porte de la tente deLofnis : ceſt arbre fut conduit _ auec les inſtrumés de Muſique, & les voix ioin tesàl’honneur &à la magnificence, eu égard à la reuerence du iour, & à cauſe de la ſolemnité, & de la Dame pour l’amour de laquelle ceſte cere monie s’acco mpliſſoit. En ſuitte de ceſte façon de faire vn pagevint à la chambre de la Dame, & luy preſenta vn myrthe qui eſtoit lié d’vn petit rouleau autour de ſa tige, en ce rouleau eſtoitv ne eſcriture fort delicate, teleuee d’or : Elle ayāt ſçeu ce qui s’eſtoit paſſé dehors receuant aèrea blement ce bouquet en defit mignonnement le petit parchemin, & le diſpoſant en ſon premier plan, prit plaiſir d’y lire.

Arbres qui redreſſe (vos cimes blanchiſſantes, Qui brillent vers le Ciel de tant de belles fleurs, Tortez encorplus haut vos teſtes fleuronnantes A l’ègal des deſirs des plusfideles cœurs. Je m’aduance entre vous par fidele couſtume, Pour eſlire le brin de mes intentions, 8t comme eſt la beauté qui mon courage allume, I’auray l’œil au plus beau pour mes deuotions. ces Mays que le commun qui vit ſans cognoiſſance Plante pour la beauté de ſon émotion, Sont arbres qui n’ont riè qu’vnefoible apparêce