Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/528

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
488
Le uoyage des Princes


figures. SA R M E D ox E. Sire, quelle differen ce penſez vous qu’il y ait entre le ſemblable & le reſſemblé. L’EMr. Celle que le temps, le lieu, & la diſpoſition y apportent. Ils deuiſoient de plus en plus entrant profondement ſur les ſujets plus notables, au moyen dequoy l’Empereur apprit le principal ſecret de l’Hermitage, lequel eſtoit de l’inuention de la Souueraine, à ſçauoir que quand vn amât ou amâte eſtoit dâs le palais où les cauſes ſe plaidoient, & que ſeparé ou en · compagnie on deduiſoit ſon affaire, on enttoit en la meſme humeur, ſemblable eſprit, pareil les penſees, & diſcours egaux aux precedens, on eſtoit poſſedé de telle ſorte, que quand l’Amour. agitoit le cœur ſuyuant les rencontres, deuis, re cherches, propos & actions amoureuſes comme au fort de la paſſion, & penſoit-on eſtre tout ne plus ne moins qu’en tel temps. Or pour faire honneur à l’Empereur, le Roy & la Souueraine auoient auiſé enſemble que l’Empereur preſide roit iuſques au iour qui le concernoit, que la Souueraine rentreroit en ſon ſiege pour pronö cer les derniers arreſts. L’Empereur fut fort contant de cela, & ſe diſpoſa de bien faire. Au iour ordonné que l’Hermitage fut ouuert, enſui uant les ſtatuts & bonnes loix, l’Empereur fut conduit en la ſale de l’Audience du Palais de la Lune, oùil entraveſtu d’vn riche accouſtrement de toile d’argent, accompagné de toute l’ordon nance, † qu’il conuenoit à ſa maieſté. Les meubles du Palais eſtoient tout releuez d’argent & les fermetures des huis & feneſtres en eſtoiët * n’y auoit vtenſile qui ne fuſt de fin argent,