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Fortunez. Entreprise III


ſions eſté l’vn pour l’autre, ioinct que ce n’a pas eſté le plaiſir de ceux qui ont pouuoir ſur nous : parquoy ayans eſté vnis d’amitié, nous l’auons eſté de conſeil. Il vous ſouuient bien que pour dénoüer doucement noſtre familia rité, ie n’vſé d’aucune violence, ny d’artifice dedaigneux, en ceſte faſcheuſe neceſſité i’ouuris ainſi mon cœur deuant vous : Puis que le pou uoir ſouuerain qui dreſſe les ſainctes volontez & ordonne toutes nos auantures, a deſtourné le ſuccez de nos ſinceres eſperances, & que mon malheur ſ’eſt oppoſé à l’effect delicieux que ie m’eſtois propoſé en la mutuelle fruition du but de nos deſirs ; & que par la reſolution de ceux — dont nous dependons, leſquels nous deuons re uerer, & croire, toutel’apparéce de noſtre eſpoir eſt euanoüye, & qu’il n’y a plus moyen de reſta blir ce que la fortune a ruiné, que nous ne pou uons refaire ce que les mauuais accidens ont de ſtruit, que nous ne ſauriös renoiier ce que noſtre diſgrace § iamais deſlié : Ie vous prie, vous quiauez eſté mon cœur, viuant des douceurs de • moname, qui eſtoit la vcſtre, & vous ſupplie par voſtre fidelité qui m’a eſté apparête lors que no" diſpoſions nos ames à meſme but, de vous ſou uenir d’vne promeſſe que vous m’auez faicte. Ceſte promeſſe fut ſuppoſee ſur la crainte d’vn auenir, elle fut conditionnee ſur ce qui ſe pour roit offrir de contraire à nos pretentions ſ’ilaue noit ; y penſant i’ay la penſee pleine de regrets, — & ie gemis la rememorant, car nous nous † mutuellement de mettre peine d’ou lier l’excez de nos affections, ſi la fortune ſe