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Fortunez. Entreprise III


& à la domination de ceſte planette du Fer ou Acier : Le Monarque fut habillé de pourpre ex quis, & en cét equipage tout accompli, auec la ſuite & entiere magnificence, fut conduit au ſe cond Palais, dont tous les vtenſiles eſtoyent de fin acier rechargé de ſa propre eſſence, les enri chiſſemens eſtans de ceſte verdeur belle, & brillante qui ſe forme par la violence vitrifiante du feu, auquel s’affine ce metal. L’Empereur ſitué, & la Fee auſſi, ainſi que la bien-ſeance de l’ordre l’auoiteſtabli dés hier. Apres la voix du heraut, il entra pluſieurs Amans qui vindrent au vaiſſeau où repoſe la liqueur Emfrone, laquelle eſtre ceuë de la diſtilation de la lauande d’amour, qui croiſt en ce païs.C’eſt ceſte liqueur quifait par la vertu ſpecifique quiy reſide, que quiconque viēt icy poury rendre conte de ſes actions apresl’vſa ge d’icelle, r’entre en meſmes opinions& péſees, · qu’à l’inſtant meſme de ſes amours : car ceux qui l’ont ſauouree diſent les meſmes paroles qu’ils diſoyent enl’eſtat deleurs paſſiós, & ſuyuant les, meſmes actions, ſoit Nymfe ou Paladin, & meſ meauanture les retrouue : les Amans donc, ayans gouſté à ceſte fidele eſſence, &coulé en leur eſto mach ceſte eau celeſte, ſ’auancerent, Theofron qui vid Semnoſe ſa maiſtreſſe, &elle quil’apper ceut, ſ’enclinerent au meſme mouuement où l’a— mour les auoit conſtituez, lui qui ſe trouuoit en ſemblableauis, & elle en meſmes pčſees ſ’appro cherét de l’Empereur & de la Souueraine, rendås l’honneur deuà leur grandeur. Apres vne autre Nymfe ſ’auāça auec vne eſpinete, qu’elle toucha pour luifaire reſonner vn § premedité, qui