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Le uoyage des Princes


res, & le commandement ſuperieur me tirent ·’! autre part. Cet eſtranger eſtant ſorty, Theofron :, continua à parler à Semnoſe, & ſ’excuſoit de ce •* qu’il auoit eſté long téps ſans la voir, Ie m’accuſe · de pareſſe & non de ſouuenâce, de deffaut de deuoir, & nô d’amitié, auſſi i’eſpere pardö. Que feroit vn eſprit quine peut ſ’eſmouuoir que pour i I’admiratiö de ſon ſujet : Que pourroit executer vne ame qui eſt toute en la contéplation de la ſaincte Idee de ſes deſirs ? Ie ſuis tant arreſté, à ce que ie cóçoy pour vous manifeſter mö affectiö, que l’abiſme des diuerſitez qui m’y ſurprenent : m’engloutit, & ne puis me reduire à ce qui paroiſt aux autres eſtre tres-facile : Il faut que ie confeſſe ma honte, i’ay fait du braue, & tou tesfois ie n’ay pasl’aſſeurance de vous voir, i’ay crainte de vous aborder. On m’oppoſera à ce deſfaut, Quia-il de plus ayſé, que de s’adreſſer · à vne belle aymee qui le permet, & de deduire en paroles doucement exprimees l’eſtat des vœux que l’on luy offre ? Ie ſcay cela, & pour tant la difficulté ne m’en eſtoit pas moindre, que i’en penſois le hazardauantureux, d’autant qu’il y a vne certaine puiſſance qui retient quel ques eſprits : Et de fait, ie m’en rapporte aux experimentez, à ceſteheure que le courage m’eſt venu, Qui eſt le fidele ſe pouuant au commencement dilater ſi bien ſur les beaux deuis, qui ait l’induſtrie de depeindre au vray ſes paſſions pour les raconter à ſa maiſtreſſe, & l’en entretenir ? Ceux qui commencent à aymer paſſionnément, & qui ont l’ame touchee d’vn zele parfait, ſont retenus par la vehemence de leur ardeur, tellement qu’ils ne peuuent dire