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Le uoyage des Princes


eſcheuë n’y a pas longtemps en France, ie croy que le recitvous en pourra plaire. L’EMPEREvR. Voudriez-vous bien en prendre la peine, & me tant gratifier : Ie vous en prie Belle, & croyez que i’auray en cela double plaiſir, l’vn de vous ouyr bien dire, & l’autre de ſçauoir ceſte nou ueauté. M E L I s s E. Vn beau Gentilhomme François eſtoit nourri chez vne ſage Dame, où il apprenoit, encor enfant, les premieres lettres, & y eſtoit eſleué en la compagnie d’vne belle petite Damoiſelle de bonne famille, mais deſti tuee de biens, & tellement qu’il falloit que ſes amis fourniſſent à ſa penſion : Ce beau fils venât par frequentation à ſentir les premieres petites pointes que l’Amour mignon en guiſe d’amitié, aiguiſe contre les cœurs, & apres eſtre hors de la maiſon de la bonne femme & auoir eſté page, & paſſé toutes les carrieres que l’on eſſaye en la premiere ieuneſſe, nourriſſant en ſon cœur vne ſcintille d’affection, la ſentit ſe multiplier en hantant les compagnies, ou voyant pluſieurs belles Dames, dont les yeux ſollicitoient aiſe ment les ſiens, ſe reſſouuint de l’impreſſion que ſa premiere cognoiſſance auoit frappee en ſon cœur, & ſ’en informa tant auec ſon courage, qu’il luy prit enuie de ſ’eſclaircir par effect de ce qu’il imaginoit, ou pour ſ’en diſtraire, ou pour en courir la fortune ; & de faict il delibera d’aller voir ceſte belle, auec laquelle ilauoit eu tant de douces frequétations, ill’entreprit & l’executa, & vint chez la ſage dame ſa nourrice, pour en ſauoir des nouuelles, ce qui luy ſucceda : Meſ mes quand il ſe preſenta à la porte, la Belle fut