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Le uoyage des Princes


que la iuſte innocence conduit à de petites paſ, · ſions aſſez pregnantes, & leſquelles l’aage mo dere : Ce ſera vous auec voſtre prudence quimo derera nos eſlancemens, vous ſçauez, Madame, ce que ie ſuis, & le commandement que i’ay eu de le feindre, & pourtant que ce gentilhomme — m’aymant, ſera fraudé, eſtant ce que ie ſuis. Ar leon ne pouuant comprendre ces enigmes, ac cordoit à tout ce que diſoit Cloriſee, ſur quoy la Dame l’appella & le prit à part, luy remon ſtrant que pour neantil faiſoit recherche du ſu jet deſiré, qu’il n’eſtoit pas ce qu’il penſoit, mais vn beaugentilhomme ainſi deguiſé. A ceſte pa role Arleone faiſantvn grand ſouſpir d’aiſe am braſſa’la vieille, Ha Madame, ce dit, quelle heu reuſe metamorphoſe me racontez vous, quelles commoditez me preſentez vous, quelles abon dances de delices, fourniſſez vous à mes amours ? de me dire que ce que i’ayme eſt ce que ie doy aymer : Madame, ſi ce beau fils eſt d’amour, & que ſa volonté condeſcende à noſtre proſperité : · nous ſommes en eſtat de parfaire § fortune, carie ſuis ce qu’on a penſé qu’il eſtoit, puis qu’il eſt ce qu’ô eſtimoit que ie fuſſe : Alors elle luy raconta ſa fortune, & ce qui ſ’eſtoit paſ ſé entre elle & Clarioſe, & luy diſant ſes com moditez, ſa race & ſes deſſeins, il futauiſé qu’ils changeroyent mutuellement d’habillements, & qu’auec la volonté de la vieille Dame, qui vou lut tout ce qui pleut à ſa ſœur, ils ſeroyent con ioints par mariage enſemble, ce qui fut accom pli au grand contentement des Amans, non ſans ſujet de grande merueille, çntre ceux qui les