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Le uoyage des Princes


mande pardon & me remets ainſi qu’il vous plaira, & affin que i’obtiene mercy, tenezie ne ſçay plus que dire, voyla le reſte de möcœur receuez le, vous y verrez mes deſirs que vous conſidere rez en eet effect amoureux ſurvoſtre craion, iet tez vos yeux deſſus cependant quelon conſul tera noſtre affaire.l’Empereur attendant le con ſeil, ietta l’œil ſur les mains de la belle & voyant qu’elles deployoient vn papier, eut de la curio ſité pour ſçauoir que c’eſtoit, ſi qu’il fit ſigne que lon ſ’arreſtaſt & appella la Belle qui commen çoit à lire & luy diſt qu’il eſtoit ſeant que les be aux eſprits fuſſent conſolez auſſi bien qu’elle, partant qu’elle leuſt tout haut ce que ſon ſerui teur luy aueit preſenté, & puis on auiſeroyt à les iuger : Elle obeit & prononça diſtinctement,

Crayon faict apres l’air des beautez de ma Belle
Je ne te cognois point, car tu es imparfaict.
Ma belle a de beautez vneforme eternelle
Quel’artiſte ne peut reduire en vn pourtraict
Quand iereſſens en moyſa celeſte figure,
Grauce par ces yeux au plus vifde mon cœur, je ne diſcerne plus les traits de la peinture
Car la peinture n’eſt quefeintiſe ou erreur.
Beau crayon tu es mort, mais la beauté pourtraicte
Dedans l interieurde mes conceptions,
Eſt la viue beauté de la beaut éparfaicte,
Toute amour, toutehonneur, toutes perfections,
L’œil que deuotieux tant humblement i’honore
Fut l’organe du trait qui traça ſes beauteK,
I’enfus tout tranſmuè & ce bel œil encores
Me fit l’impreſſion de tant de raretez