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Le uoyage des Princes

Le mal qui me pourſuit eſt cause par moy-meſme, Et mon peu de merite en eſt l’occaſion, c’eſt là mon de plaiſir : car la beauté que i’aime, 8n cauſe & en effects n’eſt que perfection. Beau crayon, cachetoy, car tu me mets en peine, Tu mefayſouuenir de mes triſtes deffaux, Ie ſçay bien que ma Belle à mon cœur eſt humaine, Mais mon peu de meriteeſt cauſe de mes maux. Ie ſens mille douleurs affliger ma penſee, car il n’eſt pas moyen que i’aye de l’eſpoir, Mon ame pourra bien d’amour eſtre offencee, Et ce ſera touſiours pourgemirc douloir. Que pourroit eſperervn triſte miſerable, D’vne qui de tous cœurs fait à ſa volonté, Rien que mourir d’amour, & auoir agreable Pour tout bien de languir enſa fidelité. Donques retenons-nous, devoir ceſte ſemblance, Qui noufait oublier noſtre propre valeur, Carne pouuoir trouuer enſon mal esperance, C’eſt tromper pour neant ſon amoureuſe humeur. e_2/ais en vain, beau crayon, iefuiraytapreſence, Car i’ay de ma maiffreſſe en mon cœur les beautés, AMon cœur eſt ſon pourtraict graué dedans l’eſ ſence, — De ſon ame, où ſes traits, ſont au vifimitez. eAinſi i’ay dedans moyla cauſe qui m’afflige, Et le digneſiiiet qui me rend bien-heureux, C’eſt ce qui me tourmente, & c’eſt ce qui m’oblige A ſouſpirer contant mon plaiſir douloureux. TOoila que c’eſt d’auoirvne ame ambitieuſe, Et d’oſer deſirer, ne pouuant meriter, C’eſt toutvn, lafortune eſt touſîours bien-heureuſe #ien qu’on ait des ſouhaits qu’on nepeut limiter.