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Fortunez. Entreprise III


des Royaumes releuez, leſquels, ilgouuerne auec vne prudence admirable. Or combien qu’il ſoit treſſage, ayant par ſes ans acquis beaucoup de Sapience, ſi eſt-ce que pour auoir eſté trop be nin à ceux auſquels il deuoit monſtrer de la ri · gueur : depuis quelque temps les ſiens & luy meſme tous enſemble ont couru telle fortune, que l’effect qui en eſt notable, a preſques eſté dangereux. Rien ne peut euiter les rayons du Soleil des ames, perſonne n’eſchappe destraicts d’Amour, meſmes les plus ſeueres & beaux eſ prits en ſont rencontrez, & parfois auec telle vehemence qu’il n’y a rien d’eſgal, ioint que ſouuent auſſiles hypocrites en ſont touchez, & quelque ſemblant qu’ils facent, ils en ſentent les poignantes eſmotions qui les excite aux ſaincts plaiſirs de l’ordonnance diuine, à quoy leur maudite humeur les faict decliner, en les aſſouuiſſant d’vn malheureux raſſaſiement auec lequelils deſrobent à l’Amour ce qu’ils luy doi uent, & fruſtrans eux & nature de la felicité des gens de bien. Ceſte puiſſance qui reluit meſmes aux abiſmes ſe fit paroiſtre en ces deuxcy.laieu neſſe excitant le cœur de Pirinte fils ſecond de · Leci, & ayant recogneu que les perfections d’Vfonis fille de Fronauue Prince des Tauxo mutes, eſtoit l’excellence contenant ce qui le rendroit parfait & l’endelechie vnique de ſa for me, ſ’addonna ayſément à la recherche où l’A— mour le forçoit par lesyeux de la belle, laquells cognoiſſant les merites d’vn ſi grand Prince ſe ſentoit treſ-heureuſe d’obliger ſon ame à ſon occaſion. Par ce moyen ces deux ſe trouuerent