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Le uoyage des Princes


tourmente inceſſamment, lui reprochant qu’il l’a volee à ſon mary, adiouſtant auec tels conui ces, infinité detourmens qu’il a ſupportez lon guement, & tant que ceſte infame eſt decedee, dötila pristant d’ennuys qu’il ſ’en eſt allé vers les deſerts, ſans que depuis on en eut ouy nouuel les. Ceci me fait conclure, que les hommes ont moins de vertu que les Dames, & neſcauët point aymer ce qui eſt aymable, ains ſuyuent ſans plus pour la plus partleur honteuſe cupidité,

Le Conſeil fut fort long temps à ſe reſoudre ſur ceſte difficulté, à la parfin apres pluſieurs gra cieux debats, il fut conclud. L’Empereur refuſa de pronöcer, & auſſi fitlaSouueraine : Il alleguoit qu’il eſtoit en cauſe, elle diſoit que ſon age luy oſtoit le ſimple rang de fille : dont l’honneur n’e— ſtoit point touché icy, ſurquoy ils auiſerent vn expedient : c’eſt que Lofnis dicteroit à Olocliree l’arreſt qu’elle prononceroit, Adoncfurent ap pellees les deux Dames, & apres que Lofnis eut eu le commandemët de l’Empereur, elle ſapro cha & entendit les paroles de la reſolution qu’el · le veint raporter à Olocliree, laquelle aſſiſe au ſiege de la Souueraine, prononça cét arreſt.

Le Conſeil ne prend point cognoiſſance de ce qui outrepaſſe les loix de raiſon, ayant ſeulement égard à ce qui eſt conduit par la vertu : Et pourtant il abandonne à leur ſens reprouué les eſprits quine ſe veulent pas addreſſer ſelon le deuoir, donnant & attribuant le tort à ceux qui ſont cauſes du mal, & declarant indignes les cœurs quitranſgreſſent.

La ſage Olocliree n’eut pas entrepris ceſte charge, ſansl’expres commandement de la Sou-