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Fortunez. Entreprise III


que mon ame medite excellemment pour vous vaincre :

Si vou faictes eſtat des profits de la gloire,
Faites eſtat auſſi de mes affections,
Car tant que de l’honneur il ſera fait memoire
Je feray faire cas de vos perfections.

Si vous brauez tant ſur la vertu, n’auez-vous pas aſſez de prudence pour faire eſſay de moy ? engagez-moy ſans vous obliger, que vous ne ſoyez ſeure de ma loyauté qui eſt ſincere, ainſi que mon affection eſt naifue, & ſans artifice, Auſſi

Ma Maiſtreſſe vous ſcauez bien,
Que ie ne vous demande rien,
Que ce que l’honneur nous propoſe,
Ie ſuiuray touſiours le deuoir,
Auſſi ſelon Yoſtre vouloir,
Mon cœur tout humble ſe diſpoſe.

D’auantage, s’il eſt queſtion d’auoir de la valeur, & que la mienne ne vous ſemble ſuffiſante, donnez-m’en, excitez-la en moy, ou bien me laiſſez aduancer en la mienne, & vous verrez en toutes ſortes que ie paroiſtray en effets, qui me feront non ſeulemët eſtimer digne de vous, mais meriter que vous ſoyez à moy. Mataliree. Et bien, ie veux entrer & demeurer en telle opinion que ie ferois tort à la grādeur de mon courage, ſi vous ayant poinçōné, ie ne demeurois au terme où vous me recognoiſſez, & i’ayme mieux deſchoir de ma reſolution qui eſtoit de n’admettre aucun en mon amitié, que de vous laiſſer ſans vous obliger à moy : Mais y penſant que feray-ie