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Fortunez. Entreprise III


Il faut eſtre reſoluë à ſon bien, il vous conuient eſpouſer le Prince m6 fils, & afin † vous ſoyez ſans excuſe, ie feray trancher la teſte à Gifeole, à ce qu’il n’y ait rien qui vous nuiſe, & que ſoyez quitte de voſtre promeſſe ſi vous en faictes ſcru pule-ADERI. Madame, vous auez tout pouuoir, auſſi vous eſtes treſböne & ſage, parquoyie vous prie de m’ouir vn peu, ie ſçay que mon humilité vous contentera, & que quâd vous aurez ouy ce que ie vous veux propoſer que vo*l’aurez agrea, ble : le reſſens & conçoy † bien que voſtre bonté m’offre, & deſire ſous voſtre bon plaiſir vous obeir en toute reuerence auec honneur : mais afin que les mauuaiſes langues n’ayët occa ſion de me calomnier en blaſmāt voſtre maieſté, ie vous prie de m’entêdre au moyen que ie pour ray trouuer pour me rendre agreable à mon Sei gneur, & qu’à ceſte fini’aye congé de m’ouurir à vous. GARo.Dites ma fille, vous me faites plaiſir de parler ainſi. ADERITE.Vous ſçauez, Madame, qu’il n’y a pas moien à vn cœur cóme eſt le mien. qui ne ſçait que c’eſt de grandeurs, d’oublier ſi toſt ſa petite condition, & quitter vn amour où i’auois poſé mon ſouuerain bien, n’ayant aucune penſee à la grande fortune qui me rit. Si tout d’vn coup animee de la magnificence qui m’eſt preparee, ievenoistrop glorieuſe de mon bien, à mettre ſous pieds ce qui m’a eſté ſi cher. Mon ſeigneur qui eſt l’vnique en beau iugemét, auroit poſſible mauuaiſe opinion de moy, & croyroit ue la cupidité d’honneur auroit plusde pouuoir ur moy, que le defir de deuoir & d’amitié, & me tiendroit pour vn petit eſprit, emerillonné apres


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