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Le uoyage des Princes


ſant meſmes moindre que vous par le reſpect d’amour lequel couure tout ſous le manteau de ſes douceurs, & faict que ie ne prens point garde à la vehemēce dont vous m’vlcereriez, ſi ie me tenois ferme en ce que ie deurois eſtre, ſi ie n’aymois, point, i’excuſe par ce moyen la violence que vous me faites, pour faire paroiſtre qu’il n’y a riē que le, vray feu d’amour qui m’eſlance : Ie vous pardōne tout ce qui peut offencer vn Roy, ie n’entēs point les reproches qui m’appartiendroient, ſi la loy ne dependoit de moy. Ie ne veux rien aperceuoir de ces defaux cōmis cōtre ma dignité : car ie me ſuis addonné à vous par tel excez de vertueux amour, que ie vous feray paroiſtre, pource que ie le veux, qu’il n’y a que la vertu qui m’ait induit à vous aymer : & pour autant que vous eſtes galāde, & auez vne belle preſomption, ie veux par elle-meſme vous vaincre, ou ployer ſous vous, s’il ſe peut, parquoy ie veux que vo9 obteniez par voſtre dexterité (qui eſt voſtre reſte) ce que vo9 pretēdez, ou que vous vous deportiez de voſtre pretētion, pour obeyr à ce que vous me deuez. Et afin que ie ſois d’autāt iuſte cōtre moy, que ie le doy eſtre en cōſeruant le droit de mō peuple, tout maintenant & tandis que nos cœurs y ſont diſpoſez, ſuiuant leur alteration, faites aporter voſtre arc & vos fleſches, & ayant les miennes en ceſte galerie, nous ferons vne galanterie qui me liberera de voſtre importunité, ou vous maintiendra en voſtre preſomption, Nous tirerōs trois coups pour ceſt effect. Feriſtee s’accorda à la códitiō que le Roy auoit iugee, puis tous deux ſe trouuerēt au lieu deſigné. Le Roy ayāt fait appareiller la gallerie, fit mettre au bout op-