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Le uoyage des Princes


concluant à l’honneur & au deuoir. L’Empe reur ſe tenant pour recuſé, remit l’affaire entre les mains de la Souueraine, laquelle ayāt recueil ly les voix prononça,

Le Conſeil ayant examiné le dire de cese Amans, & les cencluſions de l’agente pour l’Amour, a or. donné, qu’ils ſeſeeroyent icy ſelon le rang de leur grandeur, remettant le reste à leur volonté, ſelon les loix & leur commpdité.

L’Empereur donna la main à ceſte belle Royne pour la placeren fon lieu, &comme il la conſide toit, ilſuruintvne auāture qui l’eſmeut plus que toutes les autres : car vn peu apresque la Royne eut pris ſeance, elle ſeleua & ayant ſalué l’Em pereur & le conſeil d’vne nonneſte reuerence, ſortit & paſſa iuſques à la porte de la Chambre, dont elle eſtoit ſortie, oùelle prit par la main vne Dame qu’elle amena, & la poſa deuant l’Empe reur, & dit, Sire, ceſte Dame eſt en affaire auec, vous, & deſire que vous ſoyez ſon iuge, eſtant ſa partie. Adonc ceſte Dame ayant baiſé & laiſlé la main de la Royne, ſe mit à genoux deuant l’Em pereur, qui la recognoiſſant, car c’eſtoit la Fee Epinoiſe, s’eſbahit fort & s’eſmerueilla de ſon diſcours, qu’elle aduanca incontinant que la Royne de Sobare fut remiſe en ſa place. Sire, puis que la Fortune a changé mes mauuais deſ ſeins, & qu’eſtanticy ſous là iuriſdictiô d’Amour où ſont donnez les Arreſts iuſtes, & ſelon les in tereſts des cœurs qui ſont penitens, ie penſe qu’il vous ſera agreable de me remettre la fautequeie vous ay voulu faire, & de laquelle i’ay porté la Penitence : Il eſtvrayque l’Amour qui n’eſpargne