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Fortunez. Entreprise III


perſonne, a eſté cauſe de mon delict. Ie me fai ſois accroire quei’eſtois encores aſſez belle pour meriter la grace du Prince Caualiree, & qu’il ne me deuoit point refuſer ſon affection : ſe l’eſti mois glorieux, pource qu’il ne me recherchoit pas, puis luy ayant declaré mon amour, & voyât qu’il n’en faiſoit aucun conte, ie me depité, & creus qu’il eſtoit inſolent.Mais i’ay depuischan gé d’opinion, ayant veu le beau ſuiet de ſes affe ctions, quand ſabelle Cliambe m’a eſté preſen te, ie me ſuis repriſe de ma preſomptiö, i’ay par donné & en mon cœur requis pardon à ce Prin ce.Certes il faut bië dire qu’elle ayt du merite en beauté, puis que ie la trouue belle : d’autant que ce n’eſt pas l’ordinaire de celles qui péſentauoir quelque beauté de priſer les autrespour en iuger vne plus belle que ſoy.Or elle eſt belle, parquoy ie confeſſe ma coulpe, mö offence & ma malice, & pource auſſi i’ay priéla ſageLofnis de me par donner, ce qu’elle m’a accordé ſçachât ma repé tance. Au reſte Sire, pour celà qui eſt du voſtre, ie m’é remets à vous, en vous ſuppliât de cöſide rer puis que tout eſt venu à bien quelle excuſe peut auoirl’ame qui fait faute eſtât induite pour vn ſuiet de merite.L’Empereur faiſant ſemblant devouloir ouyr le cöſeil, dit tout bas à la Souue raine il faut que ie confeſſe que ie ſuis forttrou blé, carie voy ce que ie n’euſſe peu péſer, &ie dis auec verité, qu’il y a eu vne notable prudence à | dreſſer ces defleins, veu queie ſçay bië que ceſte fille auoit en ſon courroux enuie de perdre les Fortunez, ie vous prie d’éiuger à ſa faueur& hö neur, & me laiſſez vn peu reprendre meseſprits, la Souueraine prenant les auis, prononça :