Page:Le Voyage des princes fortunez - Beroalde, 1610.pdf/732

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
689
Fortunez. Entreprise III

C’eſt bien auoir des yeux de voir ce qui s’addreſſe,
Et de le diſcerner : e_Wfais voirparfaitement,
Eſt voir le iourheureux des yeux de ſa maiſtreſſe
Car c’eſt voir ſans rië voir que devoir autremét, Pour doncques ne rien voir, i’eſleu vn Hermitage, "Pour le lieu deſtiné du reſte de mes iours, Et me determinant dans ſa grotteſauuage, I’ypenſois conſumer ma vie & mes amours. le me determinois à ceſte vie auſtere, eAfin d’eſtrepuny de ma temerité Et cherchant à ma vie vne vie contraire, 1’eſtois à ce deſſèin ardamment arreſté. T)eſia ie lamentois ſur ma vie paſſee, Teſſous le triſte habit voulant m’enſeuelir, Et de deuotion mon ame tant preſſee, Vouloit tout autreſoin de mon cœur abolir. J’eſtimois que ce monde eſtoit vne balotte Formee deſauon, figuree de vent, Et voulant l’oublier ma penſee deuotte, En ma deuotion m’enfonçoit plus auant. f’eſtois preſques reduit par ceſte desplaiſance, &tpenſois reſigner au deſert mon vouloir, Et comme n’ayant plus deſſu moy depuiſſance, Tout mon penſereſtoit Religieux dcuoir. Mais comme ie cuidois franchir ceſte barriere, feſentis mille feux en mon cœur s’allumer, Et poury reſiſterie me mis en priere, &t les eſteindis tous, fors le doux feux d’aymer. Plus ie penſois l’,ſteindre & plus la ſouuenance De vos perfections le venoit exciter, — Plus ie m’en tirois loing, & plus ſa vehemence
Plus aſpre que iamais me venoit irriter.
Ie n’eſtois preſque plus qu’vn deſcharné ſkelette,


Xx