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fortunez. Entreprise IV.


toit des perfections de l’Empereur de Glindicee eſtoit vray : Elle ſe deſguiſa, & le vint voir iuſques en ſon pays, vſant d’vn artifice non practiqué, & nouueau s’eſtāt fait enleuer par vn Pyrate feint qui la donna à ceſt Empereur, lequel l’obtenant ſans la cognoiſtre luy fit pluſieurs demonſtratiōs d’honneur & de courtoiſie, qui eurent des fins ſemblables à l’excellence d’Amour deſirant, & me parloit de vous comme ſi ie ne vous euſſe point cogneu. Ceſte vigueur d’Amour vlcera leurs ames, & aduint qu’eſtans à la chaſſe il ſe faſcha contre elle, & la fit expoſer au milieu de la foreſt, où ſe voyant abandonnee, ſe reſolut de mourir, & s’en eſtoit deſia aſſeuree, ſe tenant preſte d’attendre le dernier peril, ce qui fuſt aduenu ſans l’arriuee d’vn Marchand bien accompaigné qui la retira, & auec lequel elle a touſiours eſté iuſques à ce que venuë en l’iſle de Quimalee a demeuré auec la Princeſſe Caliambe, en la com pagnie de laquelle elle eſt venue à l’Anniuerſaire. Or, Sire, elle a ſceu qu’il y a vn Empereur icy, elle croit que ce ne peut eſtre vn autre que vous, parquoy elle m’a enuoyé vers vous pour ſçauoir ſi eſtant retourné en voſtre terre, vous auriez agreable qu’ell vous allaſt voir, pour vous demander ſelon voſtre iuſtice raiſon du tort que vous vous eſtes fait en i’outrageāt. L’Emperevr. Ie ſuis icy en vn labyrinthe corporel, & vo° mettez mon eſprit en vn plus difficile, ie ſuis venu expres icy pour la trouuer, & elle me veut renuoyer : Elle eſt mon ſouuerain bien, c’eſt pour l’amour d’elle que i’ay tant ſouffert d’ennuys, & il m’en faudroit ſupporter de plus difficiles : Ie