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Le uoyage des Princes


na iouſtes, feſtins, & telles ſolemnitez ioyeuſes qui ſe pratiquent aux ſuccés des meilleures fortunes, & comme ayant fait nouuelles nopces & receu ſa femme auec honneur, il lui accorda le don requis : la ſage Royne en fit hūble refus, mais il voulut que cela eut lieu : tellement qu’à l’heure la monnoye en fut marquee, & largeſſe en fut faite. Le pere de Feriſtee fut eſleué en eſtats & ſes arens auſſi, quant au Baſteleur, il fut prouueu d’vn eſtat plus honorable & fut accommodé de biens. Roſolphe enuoya ces chiēs auRoy de la grād Bretagne, car ils eſtoyent de la race des premiers dogues : Du conduit du cloaque, il fit faire la plus magnifique galerie qui fut iamais conſtruite, c’eſt à ceſte heure, celle par laquelle on va aux iardins de plaiſir. Il fit changer le foſſé, & la tour des chiens, & y fit baſtir vn pauillon ſi exquis, que de toutes pars les architectes y viennent prendre des patrons pour exceller en leur art. Et pource qu’il falloit que la loy qui eſt ſtable, pour le fait des amans parfaits eut lieu, le Roy & la Royne d’vn meſme courage ſe condamnerent de leur bon gré a ſe trouuer icy au temps de l’anniuerſaire de Glilicee, où il ſera iugé au profit d’amour, lequel des deux a tort.

Ces beaux diſcours eſtoyent preſque encor’en la bouche de la Dame, qui contoit aux Fortunez, comme Roſolfe & Feriſtee auoyent enuoyé leur requeſte, qu’il ſe preſenta au haure vn vaiſſeau. On y enuoya ſelon la couſtume. Aux banderoles, les Fortunez cognurent qu’il eſtoit de Nabadonce, parquoy ils prirent à part leur ſage hoſteſſe, qu’ils prierent qu’ils ne fuſſent point veus de ces