Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 1, trad Mardrus, 1918.djvu/10

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note des éditeurs

ixe siècle, l’autre[1] du xe, établissent que ce monument de la littérature imaginative arabe a eu pour prototype un recueil persan, le Hazar afsanah. À ce livre, aujourd’hui perdu, sont empruntés le dispositif des Mille nuits et une nuit (c’est-à-dire l’artifice de Schahrazade) et le sujet d’une partie des histoires. Les conteurs qui s’évertuèrent sur ces thèmes les transformèrent au gré de la religion, des mœurs et de l’esprit arabes, au gré aussi de leur fantaisie. D’autres légendes, d’origine nullement persane, d’autres encore, purement arabes, se constituèrent dans le répertoire des conteurs. Le monde musulman sunnite tout entier, de Damas au Caire et de Baghdad au Maroc, se réfléchissait enfin au miroir des Mille nuits et une nuit. Nous sommes donc en présence non pas d’une œuvre consciente, d’une œuvre d’art proprement dit, mais d’une œuvre dont la formation lente est due à des conjonctures très diverses et qui s’épanouit en plein folklore islamite. Œuvre arabe, malgré le point de départ persan, et qui, traduite de l’arabe en persan, turc, hindoustani, se répandit dans tout l’Orient.

Vouloir assigner à la forme comme définitive de telle de ces histoires une origine, une date, en se fondant sur des considérations linguistiques, est une entreprise décevante, puisqu’il s’agit d’un

  1. Dans le Kitab al fihrist (987), de Mohammad ben Is’hak Al-Nadim.