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les mille nuits et une nuit

lent pas nous répondre de bonne grâce, elles nous répondront de force ! » Et là-dessus tous tombèrent d’accord, excepté Giafar qui dit : « Trouvez-vous que ce soit là une idée juste et honnête ? Songez que nous sommes leurs hôtes, et qu’elles nous ont fait leurs conditions que nous devons suivre avec droiture ! D’ailleurs voici la nuit qui va finir, et chacun de nous va s’en aller voir l’état de sa destinée sur le chemin d’Allah ! » Puis il cligna de l’œil au khalifat et, le prenant à part, lui dit : « Nous n’avons plus qu’une heure à passer ici. Et je te promets que demain je les amènerai entre tes mains, et nous leur demanderons leur histoire ! » Mais le khalifat refusa et dit : « Je n’ai plus la patience d’attendre jusqu’à demain ! » Puis comme ils continuaient leur dialogue en disant : comme ceci et comme cela ! ils finirent tout de même par se demander : « Mais qui d’entre nous leur posera la question ? » Et quelques-uns opinèrent que cela revenait au portefaix.

Sur ces entrefaites, les jeunes filles leur demandèrent : « Ô bonnes gens, de quoi parlez-vous ? » Alors le portefaix se leva, se tint devant la maîtresse de la maison et lui dit ; « Ô ma souveraine, je te demande et te conjure au nom d’Allah, de la part de tous ces convives, de nous dire l’histoire de ces deux chiennes, et pourquoi tu les as ainsi châtiées pour ensuite pleurer sur elles et les embrasser ! Et dis-nous aussi, pour que nous l’entendions, la cause de l’empreinte des coups de fouet et de verges sur le corps de ta sœur ! Et telle est notre demande ! Et maintenant que la paix soit avec toi ! »

Alors la maîtresse de la maison demanda à tous