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histoire du portefaix…
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Quand donc, ô ma maîtresse, j’allongeai à la coupole ce violent coup de pied, la femme me dit « Voici l’éfrit ! Il arrive à nous ! Ne t’avais-je pas prévenu ? Or, par Allah ! tu me perds ! Pourtant songe, toi, à te sauver, et sors par le même endroit d’où tu es venu ! »

Alors, moi, je me précipitai dans l’escalier. Mais malheureusement, à cause de la violence de ma terreur, j’oubliai en bas mes sandales et ma hache. Aussi, comme à peine j’avais grimpé quelques marches de l’escalier, je me retournai un peu pour jeter un dernier coup d’œil à mes sandales et à ma hache ; mais je vis la terre s’entr’ouvrir et en sortir un grand éfrit, horriblement hideux, qui dit à la femme : « Pourquoi cette terrible secousse dont tu viens de m’épouvanter ? Quel malheur t’arrive-t-il donc ? » Elle répondit : « Aucun malheur, en vérité, si ce n’est que tout à l’heure je sentais ma poitrine se rétrécir de ma solitude, et je me levais pour aller boire quelque boisson rafraîchissante qui fît se dilater ma poitrine, et, comme je me levais trop brusquement pour le faire, je glissai et tombai contre la coupole. » Mais l’éfrit lui dit : « Ô l’effrontée libertine ! comme tu sais mentir ! » Puis il se mit à regarder dans le palais, à droite, à gauche, et il finit par trouver mes sandales et ma hache. Alors il s’écria : « Hein ! que signifient ces ustensiles-là ? Dis ! D’où te viennent ces objets d’êtres humains ? » Elle répondit : « Tu viens à l’instant de me les montrer ! Je ne les ai jamais auparavant aperçus ! Probablement ils étaient accrochés derrière ton dos, et tu les auras toi-même