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histoire du portefaix…
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j’écoute sa prière ; il est sous ma protection ! Que personne ne l’arrête et ne le chasse ou l’incommode ! » Puis le capitaine se mit à m’appeler et à me dire des paroles agréables et bonnes ; et moi je comprenais toutes ses paroles. Aussi il me prit comme serviteur ; et moi je lui faisais toutes ses affaires et je le servais dans le navire.

Le vent nous fut favorable pendant cinquante jours, et nous atterrîmes à une ville énorme et si pleine d’habitants qu’Allah seul peut en compter le nombre !

À notre arrivée, nous vîmes s’avancer vers notre navire des mamalik qui étaient envoyés par le roi de la ville. Ils s’approchèrent et souhaitèrent la bienvenue aux marchands, et leur dirent : « Notre roi vous fait des compliments pour votre bonne arrivée, et il nous charge de vous communiquer ce rouleau de parchemin, et il dit : Que chacun de vous y écrive une ligne de sa belle écriture ! »

Alors, moi, toujours sous mon aspect de singe, je me levai et brusquement je saisis de leurs mains le rouleau de parchemin, et je sautai avec un peu plus loin. Alors ils eurent peur de me voir le déchirer et le jeter à l’eau. Et ils m’appelèrent avec des cris, et voulurent me tuer. Alors je leur fis signe que je savais et voulais écrire ! Et le capitaine leur dit : « Laissez-le écrire ! Si nous le voyons griffonner, nous l’empêcherons de continuer ; mais si, en vérité, il savait la belle écriture, je l’adopterais pour mon fils ! Car je n’ai jamais vu un singe plus intelligent. »

Alors, moi, je pris le calam, je l’appuyai sur le