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les mille nuits et une nuit

tampon de l’encrier, en étendant bien l’encre sur les deux faces du calam, et je commençai à écrire.

J’écrivis ainsi quatre strophes improvisées, chacune d’une écriture différente et selon un style différent : la première strophe d’après le mode Rikaa ; la seconde sur le mode Rihani ; la troisième sur le mode Çoulci ; et la quatrième selon le mode Mouchik :

a) Le temps a déjà marqué les bienfaits et les dons des hommes généreux ; mais il a désespéré de pouvoir arriver à dénombrer les tiens jamais !

Après Allah, le genre humain n’a recours qu’à toi, car tu es vraiment le père de tous les bienfaits !

b) Je vous parlerai de sa plume :

Sa plume ! C’est la première et l’origine même des plumes ! Sa puissance est une chose surprenante ; c’est elle qui l’a mis au nombre des savants remarquables.

De cette plume, tenue entre la pulpe de ses cinq doigts, coulent sur le monde cinq fleuves d’éloquence et de poésie !

c) Je vous parlerai de son immortalité :

Il n’y a point d’écrivain qui ne meure ; mais le temps éternise l’écriture de ses mains !

Aussi, ne laisse ta plume écrire que des choses qui pourraient te rendre fier au jour de la Résurrection !

d) Si tu ouvres l’encrier, ne t’y plonge que pour tracer des lignes de donateur, des lignes bienfaisantes !