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histoire du portefaix…
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la postérité d’Eblis, qui l’a ensorcelé, après avoir tué sa propre épouse la fille du roi Aknamus, maître de l’Île d’Ebène. Ce singe, que tu crois un vrai singe, est donc un homme, mais savant, instruit et fort sage ! »

À ces paroles, le roi s’étonna beaucoup, me regarda, et me dit : « Est-ce vrai, ce que dit de toi ma fille ? » Alors je répondis avec la tête : « Oui ! c’est vrai ! » et je me mis à pleurer. Alors le roi demanda à sa fille : « Mais d’où as-tu appris à discerner s’il est ensorcelé ? » Elle répondit : « Ô mon père, quand j’étais petite, la vieille femme qui était chez ma mère était une vieille sorcière pleine d’artifices et fort versée dans la magie. C’est elle qui m’enseigna l’art de la sorcellerie. Et, depuis, je l’approfondis encore davantage, je m’y perfectionnai et j’appris ainsi près de cent soixante-dix articles de magie ; et le plus insignifiant d’entre ces articles me rendrait capable de transporter ton palais en entier avec toutes ses pierres, et toute la ville derrière le Mont Caucase, de transformer toute cette contrée en un miroir de mer et de changer tous les habitants en poissons ! »

Alors son père s’écria : « Par la vérité du nom d’Allah sur toi ! ô ma fille, délivre alors ce jeune homme, pour que je puisse en faire mon vizir ! Comment ! tu possèdes un talent aussi considérable et je l’ignore ? Oh ! délivre-le pour que vite j’en fasse mon vizir, car ce doit être un jeune homme gentil et plein d’intelligence ! »

Et la jeune fille répondit : « De tout cœur amical et généreux, comme hommages dus ! »