Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 1, trad Mardrus, 1918.djvu/191

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire du portefaix…
163

fusion, et elle se mit à la poursuite de l’éfrit qui arrivait déjà sur nous ! Alors tous nous eûmes une peur terrible d’être brûlés vifs et de perdre la vie, et nous allions nous précipiter tous dans l’eau, quand l’éfrit nous arrêta soudain par un cri épouvantable et sauta sur nous au milieu de la salle qui donnait sur la cour, et souffla du feu sur nos visages ! Mais la jeune fille l’atteignit et souffla du feu sur son visage aussi. Mais tout cela fit que le feu nous atteignit, nous aussi, venant d’elle et de lui ; mais son feu à elle ne nous fit aucun mal, mais son feu à lui au contraire ! Ainsi une étincelle m’atteignit, moi, à mon œil gauche de singe et me l’abîma sans retour ! Et une étincelle atteignit le roi au visage et lui en brûla toute la moitié inférieure, y compris la barbe et la bouche, et lui fit tomber toutes les dents inférieures. Et une étincelle atteignit l’eunuque à la poitrine, et il prit entièrement feu et brûla et mourut à l’instant et à l’heure mêmes !

Pendant ce temps, la jeune fille poursuivait toujours l’éfrit et lui soufflait du feu. Mais tout à coup nous entendîmes une voix qui disait : « Allah est le seul grand ! Allah est le seul puissant ! Il écrase, domine et délaisse le renégat qui renie la foi de Mohammad, maître des hommes ! » Or, cette voix était celle de la fille du roi, qui nous fit signe du doigt et nous montra l’éfrit, qui, entièrement brûlé, était devenu un amas de cendres. Puis elle vint à nous et nous dit : « Vite ! apportez-moi une tasse d’eau ! » On la lui apporta. Alors elle prononça dessus des paroles incompréhensibles, puis m’aspergea avec l’eau et me dit : « Sois délivré, au nom