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histoire du portefaix…
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finirent par mettre à découvert un couvercle qu’ils enlevèrent, et ouvrirent une porte qui se trouvait au-dessous. Cela fait, ils s’en revinrent vers la barque, et en tirèrent une grande quantité d’objets qu’ils chargèrent sur leurs épaules : du pain, de la farine, du miel, du beurre, des moutons, des sacs remplis, et beaucoup d’autres choses, et toutes les choses que l’habitant d’une maison peut souhaiter ; et les esclaves continuèrent à aller et venir de la porte du souterrain à la barque et de la barque au couvercle jusqu’à ce qu’ils eussent complètement vidé la barque des gros objets ; alors ils en tirèrent des habits somptueux et des robes magnifiques qu’ils mirent sur leurs bras ; et alors je vis sortir de la barque, au milieu des esclaves, un vénérable vieillard, très âgé, cassé par les ans et amaigri par les vicissitudes du temps, et tellement qu’il en était devenu une apparence d’homme. Ce vieillard tenait par la main un jeune garçon d’une beauté affolante, moulé en vérité dans le moule de la perfection, aussi délicat qu’une branche tendre et pliante, aussi adorable que la beauté pure, digne de servir comme le modèle et l’exemple d’un corps parfait, enfin au charme si ensorceleur qu’il m’ensorcela le cœur et fit frémir toute la pulpe de ma chair ! Ils marchèrent jusqu’à ce qu’ils fussent arrivés à la porte, et descendirent, et disparurent à mes yeux ; mais, après quelques instants, tous remontèrent, excepté le jeune garçon ; ils retournèrent, vers la barque, y descendirent et s’éloignèrent sur la mer.

Quand je les vis disparaître tout à fait, je me levai et descendis de l’arbre et courus vers l’endroit