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les mille nuits et une nuit

dans son cœur, et il expira à l’instant même.

À cette vue, ô ma maîtresse, je me frappai la figure et je poussai des cris et des gémissements, et je me déchirai les vêtements, et je me jetai sur le sol dans le désespoir et les pleurs. Mais mon jeune ami était mort, et sa destinée s’était accomplie, pour ne pas faire mentir les paroles des astrologues. Mais je levai mes regards et mes mains vers le Très-Haut et je dis : « Ô Maître de l’Univers, si j’ai commis un crime, je suis prêt à être châtié par la justice ! » Et, en ce moment, j’étais plein de courage en face de la mort. Mais, ô ma maîtresse, notre souhait n’est jamais exaucé ni pour le mal ni pour le bien !

Aussi je ne pus supporter davantage la vue de cet endroit, et, comme je savais que le père, le joaillier, devait venir à la fin du quarantième jour, je montai l’escalier, je sortis, et je fermai le couvercle, et le couvris de terre, comme avant.

Quand je fus dehors, je me dis : « Il faut absolument que je regarde ce qui va arriver ; mais il faut que je me cache, sinon je serai massacré par les dix esclaves qui me tueront de la pire mort ! » Et alors je montai sur un grand arbre, qui était près de la place du couvercle, et je m’assis et je regardai. Une heure après, je vis sur la mer apparaître la barque avec le vieillard et les esclaves ; ils descendirent tous à terre et arrivèrent en toute hâte sous l’arbre, mais ils virent la terre toute fraîche encore, et ils furent dans une grande crainte, et le vieillard sentit son âme s’en aller, mais les esclaves creusèrent la terre, ouvrirent la terre et tous descendirent. Alors le