Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 1, trad Mardrus, 1918.djvu/217

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire du portefaix…
189

et l’autre me récitait des vers, et celle-là s’étirait les bras devant moi, et l’autre tordait devant moi sa taille sur ses cuisses, et l’une disait : « ah ! » et l’autre : « ouh ! » et celle-ci me disait : « ô toi mon œil ! » et celle-là : « ô toi mon âme ! » et l’autre : « mes entrailles ! » et une autre : « mon foie ! » et une : « ô flamme de mon cœur ! »

Puis toutes s’approchèrent de moi, et se mirent à me masser et à me caresser, et me dirent : « Ô notre convive, raconte-nous ton histoire, car nous sommes ici seules, depuis longtemps, sans un homme, et notre bonheur est maintenant complet ! » Alors, moi, je devins plus calme et je leur racontai une partie de mon histoire seulement, et cela jusqu’à l’approche de la nuit.

Alors on apporta les chandelles par quantité prodigieuse, et la salle fut éclairée comme par le soleil le plus éclatant. Puis on tendit la nappe et on servit les mets les plus exquis et les boissons les plus enivrantes, et on joua des instruments de plaisir et on chanta de la voix la plus enchanteresse, et quelques-unes se mirent à danser, pendant que je continuais à manger.

Après toutes ces réjouissances, elles me dirent : « Ô mon chéri, c’est maintenant le temps du plaisir solide et du lit ; choisis, d’entre nous, celle de ton choix, et sois sans crainte de nous offenser, car chacune de nous aura son tour pendant une nuit, nous les quarante sœurs ; et, après, chacune à son tour recommencera à jouer avec toi dans le lit, toutes les nuits. »

Alors, moi, ô ma maîtresse, je ne sus laquelle des