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les mille nuits et une nuit

des mages, adorateurs du terrible Nardoun. Ils juraient et prêtaient serment sur le feu et la lumière, sur l’ombre et la chaleur, et sur les astres tourneurs !

« Pendant longtemps, mon père n’eut point d’enfants ; et ce n’est qu’à la fin de sa vie que je naquis comme le fils de sa vieillesse. Et mon père m’éleva avec beaucoup de soin ; cependant je grandissais : c’est alors que je fus élu pour la vraie félicité.

« En effet, nous avions chez nous, au palais, une vieille femme très avancée en âge, musulmane, une croyante en Allah et en son Envoyé. Elle y croyait en cachette, et extérieurement elle faisait semblant d’être d’accord avec mes parents. Et mon père avait en elle une très grande confiance, pour ce qu’il voyait en elle de fidélité et de chasteté. Il était pour elle très généreux et il la comblait de sa générosité. Et il croyait fermement qu’elle était de sa foi et de sa religion.

« Aussi, comme je grandissais, il me confia à elle et lui dit : « Prends-le et élève-le bien ; et enseigne-lui les lois de notre religion ; et donne-lui une excellente éducation ; et sers-le bien en en prenant beaucoup de soin ! »

« Et la vieille me prit ; mais elle m’enseigna la religion des Islams, depuis les devoirs de la purification et les devoirs des ablutions jusqu’aux saintes formules de la prière. Et elle m’enseigna et m’expliqua Al-Koran dans la langue du Prophète. Et lorsqu’elle eut complètement terminé mon instruction, elle me dit. « Ô mon enfant, il faut que tu caches cela soigneusement devant ton père, et que tu en