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histoire du portefaix…
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gardes absolument le secret, sinon il te tuerait ! »

« Et moi, en effet, je gardai le secret. Et il n’y avait pas longtemps que mon instruction était achevée, quand la sainte vieille mourut, en me faisant ses dernières recommandations. Et je continuai à être en secret un croyant en Allah et en son Prophète. Mais les habitants de la ville ne faisaient que s’endurcir dans leur incrédulité, leur rebellion et leurs ténèbres. Mais un jour qu’ils continuaient à être comme ils étaient, une voix haute de muezzin invisible se fit entendre ; et elle dit d’un ton aussi haut que le tonnerre et qui parvint aussi bien aux oreilles du proche qu’à celles de l’éloigné : « Ô vous autres, habitants de la ville, renoncez à l’adoration du feu et de Nardoun, et adorez le Roi Unique et Puissant !

« À cette voix, il y eut une grande terreur dans le cœur des habitants, qui s’assemblèrent chez mon père, le roi de la ville, et lui demandèrent : « Quelle est cette voix terrifiante que nous venons d’entendre ? Nous sommes encore tout terrifiés de ce holà ! » Mon père leur dit : « Ne soyez point terrifiés de cette voix, et n’en soyez pas épouvantés. Et croyez fermement à vos anciennes croyances. »

« Et alors leur cœur se pencha volontiers vers les paroles de mon père ; et ils ne cessèrent point d’être attachés fermement et enclins à l’adoration du feu. Et ils restèrent dans leur état d’erreur aveugle durant encore une année, jusqu’à l’époque anniversaire du jour où ils avaient entendu la première voix ! Et alors, pour la seconde fois, la voix se fit entendre, puis une deuxième fois, et une troisième fois, et cela une fois chaque année, durant trois années de suite.