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les mille nuits et une nuit

coup de voyageurs venaient en Égypte, des pays les plus éloignés, rien que pour le plaisir de contempler sa perfection et les traits de son visage.

Le sort fit que le vizir, leur père, mourut. Et le sultan en fut fort affligé. Aussi il fit venir les deux enfants, et les fit s’approcher de lui, et leur fit revêtir une robe d’honneur, et leur dit : « Dès ce moment vous occuperez auprès de moi les fonctions de votre père. » Alors ils se réjouirent et embrassèrent la terre entre les mains du sultan. Puis ils firent durer tout un mois les cérémonies funèbres de leur père ; et, après cela, ils entrèrent dans leur nouvelle charge de vizirs ; et chacun d’eux remplissait à tour de rôle, pendant une semaine, les fonctions du vizirat. Et quand le sultan allait en voyage, il ne prenait avec lui que l’un des deux frères.

Or, une nuit d’entre les nuits, il se fit que, le sultan devant partir le lendemain matin, et le tour du vizirat pour cette semaine étant échu à Chamseddine, l’aîné, les deux frères s’entretenaient de choses et d’autres pour passer la soirée. Dans le courant de la causerie, l’aîné dit au cadet : « Ô mon frère, je dois te dire que mon intention est que nous songions à nous marier ; et que ce mariage se fasse la même nuit pour nous deux. » Et Noureddine répondit : « Agis selon ta volonté, ô mon frère, car je suis d’accord avec toi sur toutes choses. » Une fois que ce premier point eut été convenu entre eux, Chamseddine dit à Noureddine : « Lorsque, avec l’agrément d’Allah, nous nous serons unis à deux jeunes filles, et que nous aurons couché avec elles