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les mille nuits et une nuit

moi seul que tu dois tes hautes fonctions, et, si je t’ai associé à moi, c’est simplement par pitié pour toi et pour que tu puisses m’aider dans mes travaux. Mais, soit ! tu peux dire ce que bon te semble ! Mais, moi, du moment que tu parles de la sorte, je ne veux plus marier ma fille à ton fils, même au poids de l’or ! » À ces paroles, Noureddine fut très peiné et dit : « Moi non plus, je ne veux plus marier mon fils à ta fille ! » Et Chamseddine répondit : « Oui ! C’est bien fini ! Et maintenant, comme demain je dois partir avec le sultan, je n’aurai pas le temps de te faire sentir toute l’inconvenance de tes paroles. Mais après, tu verras ! À mon retour, si Allah le veut, il arrivera ce qui arrivera ! »

Alors Noureddine s’éloigna, fort affligé de toute cette scène, et s’en alla dormir seul, tout à ses tristes pensées.

Le lendemain matin, le sultan, accompagné du vizir Chamseddine, sortit pour faire son voyage, et se dirigea du côté du Nil, qu’il traversa en barque pour arriver à Guésirah ; et de là il s’en alla du côté des Pyramides.

Quant à Noureddine, après avoir passé cette nuit-là en fort méchante humeur, à cause du procédé de son frère, il se leva de bon matin, fit ses ablutions et dit la première prière du matin ; puis il se dirigea vers son armoire, où il prit une besace qu’il remplit d’or, tout en continuant à penser aux paroles méprisantes de son frère à son égard, et à l’humiliation subie ; et il se rappela alors ces strophes, qu’il récita :

« Pars, ami ! quitte tout et pars ! Tu trouveras bien