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les mille nuits et une nuit

les joueuses d’instruments cessèrent de pincer leurs instruments, les danseuses et les chanteuses s’arrêtèrent, et, avec toutes les dames, elles passèrent devant Hassan, soit en lui baisant les mains, soit en lui touchant le pan de la robe ; et tout le monde sortit en regardant une dernière fois Hassan comme pour lui dire de rester là. Et, en effet, il ne resta plus dans la salle que Hassan, le bossu et la nouvelle mariée avec ses suivantes. Alors les suivantes conduisirent l’épouse dans la chambre de déshabillage, la déshabillèrent de ses robes une à une, et en disant chaque fois : « Au nom d’Allah ! » pour conjurer le mauvais œil. Puis elles partirent en la laissant seule avec sa vieille nourrice, qui, avant de la conduire dans la chambre nuptiale, devait attendre que le nouveau marié, le bossu, y arrivât le premier.

Le bossu se leva donc de l’estrade, et, voyant Hassan toujours assis, lui dit sur un ton très sec : « En vérité, seigneur, tu nous as grandement honorés de ta présence et tu nous as comblés de tes bienfaits cette nuit. Mais maintenant attends-tu, pour t’en aller d’ici, que l’on te chasse ? » Alors Hassan, qui, en somme, ne savait au juste ce qu’il devait faire, répondit en se levant : « Au nom d’Allah ! » et il se leva et sortit. Mais à peine était-il hors de la porte de la salle qu’il vit le genni apparaître et lui dire : « Où vas-tu ainsi, Badreddine ? Arrête-toi et écoute-moi bien et suis mes instructions. Le bossu vient d’aller au cabinet d’aisances ; et moi, je m’en charge ! Toi, en attendant, va de ce pas dans la chambre nuptiale, et quand tu verras entrer la nouvelle mariée, tu lui diras : « C’est moi qui suis