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les mille nuits et une nuit

voix des hommes, et dit : « Malheur à toi, bossu de mon cul ! ô le plus infect des palefreniers ! » À ces paroles, le bossu sentit le froid de la mort l’envahir il glissa avec sa diarrhée sur les carreaux, par terre, à moitié habillé, et ses mâchoires claquèrent l’une sur l’autre, et finirent par se souder d’épouvante ! Alors le buffle lui cria : « Bossu de bitume ! n’as-tu pu trouver une autre femme à charger de ton ignoble outil, que ma maîtresse ? » Et le palefrenier, plein d’épouvante, ne put articuler un mot. Et le genni lui dit : « Réponds-moi, ou je te ferai mordre tes excréments ! » Alors le bossu, à cette effroyable menace, put dire : « Par Allah ! ce n’est point de ma faute ! On m’y a forcé ! Et d’ailleurs, ô souverain puissant des buffles, je ne pouvais point deviner que la jeune fille eût un amant parmi les buffles ! Mais, je le jure, je m’en répons et j’en demande pardon à Allah et à toi ! » Alors le genni lui dit : « Tu vas me jurer par Allah que tu vas obéir à mes ordres ! » Et le bossu se hâta de prêter serment. Alors le genni lui dit : « Tu vas rester ici toute la nuit jusqu’au lever du soleil ! Et alors seulement tu pourras t’en aller ! Mais tu ne diras pas un mot à personne de tout cela, sinon je te casserai la tête en mille morceaux ! Et jamais plus ne remets les pieds du côté de ce palais, dans le harem ! Sinon, je te le répète, je t’écraserai la tête et je t’enfouirai dans la fosse des excréments ! » Puis il ajouta : « Maintenant je vais te mettre dans une position dont je te défends de bouger jusqu’à l’aube ! » Alors le buffle saisit avec ses dents le palefrenier par les pieds et l’enfonça, la tête la première, au fond du trou béant de la fosse