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histoire du vizir noureddine…
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du cabinet d’aisances, et lui laissa seulement les pieds hors du trou. Et il lui répéta : « Et surtout prends bien garde de bouger ! » Puis il disparut.

Voilà pour le bossu !

Quant à Hassan Badreddine El-Bassraoui, il laissa le bossu et l’éfrit aux prises, et il pénétra dans les appartements privés, et de là dans la chambre nuptiale, où il s’assit tout au fond. Et à peine était-il là que la nouvelle mariée entra, soutenue par sa vieille nourrice qui s’arrêta à la porte en laissant Sett El-Hosn entrer seule. Et, sans distinguer qui était assis au fond, la vieille, croyant parler au bossu, lui dit : « Lève-toi, vaillant héros, prends ton épouse, et agis brillamment ! Et maintenant, mes enfants, qu’Allah soit avec vous ! » Puis elle se retira.

Alors l’épousée, Sett El-Hosn, le cœur bien faible, s’avança en se disant en elle-même : « Non ! plutôt rendre l’âme que de me livrer à cet immonde palefrenier bossu ! » Mais à peine eut-elle fait quelques pas qu’elle reconnut le merveilleux Badreddine ! Alors elle poussa un cri de félicité, et dit : « Ô mon chéri ! que tu es gentil de m’attendre pendant tout ce temps ! Tu es seul ? Quel bonheur ! Je t’avouerai que j’avais d’abord pensé, en te voyant assis, dans la salle de réunion, côte à côte avec le vilain bossu, que tous deux vous vous étiez associés sur moi ! » Badreddine répondit : « Ô ma maîtresse, que dis-tu là ? Comment veux-tu que ce bossu puisse te toucher ? Et comment pourrait-il être mon associé sur toi ? » Sett El-Hosn répondit : « Mais enfin qui de vous deux est mon mari, toi ou lui ? » Badreddine répondit : « C’est moi, maîtresse ! Toute cette farce