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histoire du vizir noureddine…
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s’en retourna en ville, rouvrit sa boutique et se remit à faire des pâtisseries comme avant et à les vendre, tout en pensant avec douleur à sa pauvre mère à Bassra qui lui avait donné, tout enfant, les premières leçons en l’art du pâtissier ; et il pleura, et, pour se consoler, il se récita cette strophe :

Ne demande point de justice de la part du Sort : tu n’aurais que désillusion ! Car ce n’est point le Sort qui te rendra jamais justice.

Quant au vizir Chamseddine, l’oncle du pâtissier Hassan Badreddine, au bout de trois jours de repos à Damas, il fit lever le campement du Midan, et, continuant son voyage vers Bassra, il prit la route de Homs, puis de Hama, et d’Alep. Et partout il ne manquait pas de faire des recherches. D’Alep il alla à Mardine, puis à Mossoul et à Diarbékir. Et enfin il finit par atteindre la ville de Bassra.

À peine eut-il pris quelque repos qu’il se hâta d’aller se présenter au sultan de Bassra, qui aussitôt le fit entrer, et le reçut avec beaucoup de condescendance, et s’informa avec bonté du sujet qui l’amenait à Bassra. Et Chamseddine lui raconta toute l’histoire et lui dit qu’il était le frère de son ancien vizir Noureddine. Et le sultan, au nom de Noureddine, dit : « Qu’Allah l’ait en sa grâce ! » et il ajouta : « Oui, mon ami, Noureddine était en effet mon vizir et je l’aimais beaucoup, et il est mort, en vérité, il y a de cela quinze ans ! Il laissa, en effet, un fils, Hassan Badreddine, qui était mon favori le