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histoire du vizir noureddine…
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reux ; mais à sa vue seulement j’ai tout laissé là et je n’ai pu maîtriser ni ma langue ni mes yeux !

Je me suis tu et j’ai baissé les yeux devant son aspect imposant et fier ; et j’ai essayé de donner le change sur ce que j’éprouvais ; mais je n’ai pu y réussir.

J’avais donc écrit des feuillets et des feuillets de reproches ; mais, en me retrouvant avec lui, je n’ai pu lire un seul mot.

Puis il ajouta : « Ô mes maîtres, veuillez entrer, simplement par condescendance, et goûter de mon plat. Car, par Allah ! ô jeune garçon, à peine t’ai-je vu, l’autre fois, que mon cœur s’est porté vers toi ! Et je me repens de t’avoir suivi : c’était vraiment folie ! » Mais Agib répondit : « Par Allah ! tu es un ami fort dangereux ! Pour un morceau que tu nous avais fait manger, tu as failli nous perdre ! Or, maintenant, je n’entrerai et ne mangerai chez toi que tu ne m’aies prêté serment de ne point sortir derrière nous ni de nous suivre. Sinon, jamais plus nous ne reviendrons ici : car sache bien que nous allons passer toute une semaine à Damas, le temps que mon grand-père puisse acheter des cadeaux pour le sultan ! » Alors Badreddine s’écria : « J’en fais le serment devant vous deux ! » Alors Agib et l’eunuque entrèrent, et tout de suite Badreddine leur offrit une porcelaine remplie de la délicieuse spécialité aux grains de grenade. Et Agib lui dit : « Viens manger avec nous. Et de la sorte peut-être qu’Allah nous fera réussir dans nos recherches ! » Et Hassan en fut fort heureux, et s’assit en face d’eux. Mais,