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les mille nuits et une nuit

Sur ces entrefaites, la nuit tomba. Alors on se saisit de Hassan et on lui fit réintégrer sa caisse. Et le vizir lui cria : « C’est pour demain, ton crucifiement ! » Puis il attendit quelques heures, jusqu’à ce que Hassan se fût endormi dans la caisse. Alors il fit charger la caisse à dos de chameau, et donna l’ordre du départ, et on marcha jusqu’à ce qu’on arrivât enfin à la maison, au Caire !

Et ce ne fut qu’alors seulement que le vizir voulut révéler, la chose à sa fille et à sa belle-sœur. Il dit en effet à sa fille Sett El-Hosn : « Louange à Allah qui nous a permis enfin, ô ma fille, de retrouver ton cousin Hassan Badreddine ! Il est là ! Lève-toi, ma fille et sois heureuse ! Et prends bien soin de replacer les meubles et les tapis de la maison et de ta chambre nuptiale exactement dans le même état où ils se trouvaient la première nuit de tes noces ! » Et aussitôt Sett El-Hosn, quoique au comble de l’émotion et de la félicité, donna les ordres nécessaires aux servantes, qui se levèrent aussitôt et se mirent à l’œuvre et allumèrent les flambeaux. Et le vizir leur dit : « Je vais aider votre souvenir ! » Et il ouvrit son armoire et en tira le papier sur lequel il avait la liste des meubles et de tous les objets avec leurs places respectives. Et il leur lut lentement cette liste, et veilla à ce que chaque chose fût remise à sa place première. Et les choses furent si bien faites, que l’observateur le plus attentif se serait cru en train d’assister encore à la nuit de noces de Sett El-Hosn avec le bossu palefrenier.

Ensuite, le vizir plaça, de sa propre main, à leur place occupée jadis, les habits de Badreddine : son